vendredi 10 juillet 2015

INTRODUCTION

Après mon opération en novembre, Jean-Noël m’invite à penser à nos prochaines vacances. Je sais déjà que je ne pourrai plus aller travailler. D’une part parce que c’était une opération lourde et que j’ai plus de mal à récupérer. D’autre part, le 1er mai je ferai partie du clan des retraités. Il fallait bien que ça arrive un jour. Partir en dehors des grosses périodes estivales finalement ce n’est pas plus mal.

Mon rêve serait d’aller à Portland chez Pascaline et Adam. Mais je vois bien que Jean-Noël tique un peu…. Beaucoup même. J’essaie de savoir pourquoi. Il avance des arguments qui à mon sens ne tiennent pas la route.

Et enfin, il me dit : "Après l’année que l’on vient de passer, j’ai besoin qu’on se retrouve tous les deux". 
 Ca c’est une bonne raison, une raison irréfutable ! Ca me touche. C’est vrai qu’il a été formidable pendant ces mois d’immo-bilisation. Il m’a soutenue moralement et physiquement.

Je ne peux donc pas lui refuser ce voyage au Maroc que nous aurions dû faire il y a 10 ans.

Après, tout s’enchaîne très vite. Nous partirons du 26 mai au 23 juin.

En homme bien organisé, Jean-Noël avait gardé en mémoire les coordonnées de l'association « Maroc chez l’habitant ». Cette association permet aux « touristes » qui aiment se plonger dans la culture du pays d’être en contact direct avec les familles.

C’est un contact authentique et sincère. C’est ce que nous aimons et apprécions.

Tout s’organise au mieux pour que nous passions des vacances inoubliables.

MAROC NOUS VOILA !!!!!!!



jeudi 9 juillet 2015

MARRAKECH les habitants sont les Marrakchis


Ca y est, le grand jour est arrivé. Dans le taxi qui nous amène à Orly-sud, je regarde la banlieue et j’essaie d’imaginer un peu les paysages que nous allons découvrir.

Après 4 heures de vol et quelques petites turbulences (ce ne serait pas drôle sinon !) nous atterrissons à l'aéroport de Marrakech-Menara, ainsi nommé car il se trouve près du Jardin du même nom. Après un certain temps, nous rencontrons enfin Abdellatif notre hôte. Il est d’un abord souriant, très sympathique. Ca s’annonce bien. Pendant le trajet, il nous présente sa ville qu’il connaît, en véritable marrakchi*.

Nous arrivons dans son quartier Bab Ahmar* qui est en pleine reconstruction. Sa maison est située dans une petite ruelle et quand nous entrons, nous sommes accueillis par Khadija l’épouse d’Abdellatif et leurs deux adorables petites filles Yasmina et Zineb.

Khadija est une jeune femme à l’apparence très douce et son sourire illumine son visage. Elle nous offre en signe de bienvenue un délicieux thé à la menthe.

Abdellatif s’excuse : il doit partir disputer un match de foot (c’est un ancien pro !!!). Il reviendra " plus tard ". Première leçon pour les occidentaux que nous sommes : pour notre première soirée s’adapter au horaires tardifs, nous qui dînons le plus souvent à 19 heures !

La soirée est très agréable. Nous faisons connaissance autour de plats délicieux cuisinés par Khadija. Mais la fatigue du voyage ainsi que tout ce qui l’a précédé (préparatifs, excitation….) se font ressentir.

Au petit matin, nous sommes réveillés par l’appel à la prière du Muezzin* et par les cris d’un marchand ambulant qui, nous l’apprendrons plus tard, vend son….. poisson.

Abdellatif et Khadija nous demandent ce que nous voulons faire pour notre première journée. Nous nous rendrons au souk ! Ils nous déconseillent d’acheter nos cadeaux dès à présent. Il vaut mieux attendre le dernier jour. Voilà qui est sage et judicieux.

Abdellatif nous conduit jusqu’à l’entrée du souk. Et là, les sollicitations commencent. C’est le jeu. On nous voit arriver avec nos gros sabots de touristes ! On se promène dans les dédales, que dis-je, dans un labyrinthe sans fin ! Très gentiment et… sans arrière-pensée, les commerçants me proposent une chaise et entament la conversation. C’est très chaleureux.


Au souk de Marrakech
Au fil de la visite, ce qui me « choque » le plus, ce ne sont pas les sollicitations des commerçants, ce sont les gaz de pots d’échappement des vélomoteurs qui circulent dans le souk et qui en polluent l’atmosphère. Je peux encore accepter les vélos, les charrettes tirées par les ânes mais pas les odeurs de pot d’échappement.

Au bout de presque 2 heures de déambulation, j’ai hâte de sortir de là et de me retrouver à l’air libre. J’ai comme une impression de claustrophobie.

Lorsqu’on sort du souk, on se retrouve sur la place des épices car nous sortons précisément du « quartier des épices ». Pour moi qui ai de l’odorat c’est une véritable « torture » de ne rien acheter. C’est une fête non seulement pour les yeux mais aussi pour le « nez ». Non ! Je résisterai à l’appel de ma « fièvre acheteuse » !!!

Donc sur cette place des épices, il y a toutes sortes de marchands. Ce que je cherche, c’est un chapeau tout bête, tout basique pour me protéger des rayons du soleil. Premier entraînement au marchandage, c’est Jean-Noël qui s’y colle. En tant qu’ancien commercial, il sait quand même y faire. La dame aux chapeaux essaie de nous en vendre un à 60 dirhams, non, trop cher ! Après d’âpres discussions, on l’obtient pour….. 15 dirhams.


Place Jemaa-el-Fna à Marrakech


On se promène sur la place Jemaa-el-Fna. Ca grouille de monde, c’est vivant, joyeux et animé. On a comme une impression de fête perpétuelle. Ca nous plait bien. Mais l’appel de notre estomac d’occidentaux se rappelle à notre bon souvenir.


Place Jemaa-el-Fna : déjeuner au 3ème étage pour la vue panoramique


Donc nous voilà à la recherche d’un restaurant sans prétention (ce n’est pas ce qui manque sur cette place). On en repère un qui nous paraît bien sympathique avec une belle terrasse qui domine la ville. Pour mériter la vue, il faut monter 3 étages. Oupsss… C’est mon premier exercice ! Arrivée, je suis récompensée de mon effort. Tout d’abord je m’assois avec un soupir d’aise. Dieu que c’est bon. De cette terrasse on domine la place et c’est ma foi un très beau spectacle.

On passe commande, non pas du menu bon marché qui nous tentait (lequel, paraît-il, n’est servi que le soir), mais d’autre chose. On a comme l’impression de s’être fait avoir lorsque, plus tard, je m’aperçois qu’aux tables voisines est servi le menu que l'on souhaitait en arrivant.

Jean-Noël part se promener un peu pendant que je commence à rédiger « nos mémoires » ! Il revient un peu plus tard et me propose une balade en calèche de 2 heures  (il en a négocié le prix, vous vous en doutez bien !). Ca ne se refuse pas…. Outre le fait de ne pas avoir à marcher, c’est romantique à souhait.


Promenade en calèche


Le cocher nous emmène partout et je découvre des aspects de Marrakech très différents, le traditionnel qui côtoie le moderne. J’aime la couleur rose sable des bâtiments. C’est une ville étonnante pleine de vie et de charme. Mais que vois-je ? Une enseigne venue d’ailleurs avec un grand M jaune ! Non, ils sont même là, les bougres de fast-food !!! Mis à part cette rencontre fortuite, je suis heureuse de découvrir Marrakech. C’est vrai que c’est une ville magnifique aux multiples aspects. C’est ce qui fait son charme et j’aimerais en voir plus.


Une aile du palais royal de Marrakech


Au bout des deux heures de balade, le cocher nous dépose à l’entrée de Bab Ahmar. Abdellatif et Khadija nous ont prêté une clé de leur maison, Jean-Noël me laisse me reposer et part à la découverte des environs. Il est 16h environ et on était en route depuis 10 heures du matin, ce qui ressemble à un exploit pour moi.

Dans sa pérégrination, Jean-Noël passe devant le palais royal qu’il aimerait bien prendre en photo. Les gardes en faction lui font comprendre que c’est interdit….. Une tortue toute mignonne sortie d’on ne sait où passait par là, comme elle n’avait pas d’avis sur la question, elle a pris sa plus belle pose et la voilà figée en image pour la postérité. Puis sciemment, Monsieur va se promener dans l’ancienne médina, réputée pour être un véritable labyrinthe, et faire exprès de s'y perdre. Vous le croyez, vous ? Heureusement vers la fin il s’en sort grâce à un jeune étudiant à qui, évidemment, il donnera la « pièce »… C'est la règle du jeu !

La soirée autour du couscous de Khadija est un moment de pur bonheur. Ce couple et ses deux bouts de chou nous considèrent comme des amis de longue date. On parle de tout, de nos vies dans nos pays respectifs. On se sent vraiment à l’aise, comme chez nous tout en respectant leur mode de vie et leurs traditions. Ce sont des moments que je n’oublierai pas et qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire.

Le lendemain une visite au jardin Majorelle s’impose. On nous en a tellement parlé que cela aurait été sacrilège de ne pas aller à sa découverte.


L'entrée du jardin Majorelle


Quand j'entre dans ce jardin, la magie opère instantanément.
C'est un véritable havre de paix, un petit paradis sur terre.





Comment vous décrire ces cactus énormes, ces plans d'eau aux nénuphars multicolores et ces bambous géants ?





Voyez les photos ou, mieux, allez-y ! C’est un lieu propice à la méditation, au rêve et je m’en donne à cœur joie pendant que Jean-Noël prend des photos.







Merci à Sylvie et à Monique qui nous ont parlé de ce petit Eden.
 


On aimerait bien y passer plus de temps, mais trop de touristes arrivent. Toutefois, avant de partir, on fait une petite incursion au musée d’art berbère.




On peut y admirer des habits de cérémonie richement brodés, des bijoux de toute beauté, à vous couper le souffle.


Abdellatif nous récupère à l’heure convenue le matin pour déjeuner ensemble à la maison. Une petite sieste s’impose, car nous sortons le soir admirer la place Jemaa-el-Fna by night !

C’est absolument différent la nuit. Il y a toutes ces lumières qui éclairent les petits stands de restauration, de vente de jus de fruits frais, entre autres. Les enseignes de restaurant ne sont pas en reste non plus. C’est une autre vie. Une vie qui bouge, qui rit, qui sollicite, qui invite. C’est joyeux, très animé et une espèce de joie me monte au cœur.

Abdellatif nous sert de guide. Il est vrai que c’est un vrai marrakchi* Il connaît l’endroit comme sa poche, il aime sa ville et ça se sent. Je regrette juste que Khadija ne soit pas avec nous. Mais avec les deux petites ce n’est pas facile.

Le lendemain, Abdellatif nous propose une excursion dans la vallée de l’Ourika (7 cascades) à environ 60 ou 70 km de Marrakech. On traverse le Haut-Atlas, c’est majestueux, vertigineux, et fascinant. Il n’y a qu’une chose que je n’aime pas : les lacets dans les montagnes ! "Ca blurpe", comme dirait Sébastien notre fils...

A l’arrivée, changement de décor. C’est un village berbère qui vit uniquement du tourisme. Le dépaysement est total et il y règne une fraîcheur bienfaisante. Heureusement que c’est Abdellatif qui conduit. Il sait comment négocier les virages étroits, il sait dire non aux sollicitations des jeunes qui proposent de garder la voiture ou de prendre place dans leur restaurant.

Enfin on se gare. Jean-Noël et Abdellatif vont marcher jusqu’à la première cascade (il y en a 7 en tout). Mais avant, ils m’installent dans un établissement avec une jolie terrasse. J’ai une vue imprenable sur la montagne, le ciel et en contrebas un joli ruisseau. J’ai une vue aussi sur le village et ses habitants. Je  vis intensément tout ce que je vois, et toutes ces images  nourrissent mon imaginaire.
Dans la vallée de l'Ourika



L'Ourika
  
                                                           





Abdellatif
                                                                                   
Au bout d’une heure et demie, Jean-Noël et Abdellatif reviennent. On partage un délicieux tajine et Abdellatif me fait la surprise d’acheter mes premières cerises ! Bien sûr il en reste suffisamment pour en ramener à sa petite famille. Ce fut une très belle journée sur tous les plans. Merci à toi Abdellatif pour ta disponibilité et merci à Khadija d’avoir bien voulu que tu nous accompagnes.

Samedi matin, veille de notre départ pour Ouarzazate, nous visitons le palais Bahia. C'est un lieu plein d'histoire que racontent les fresques, les mosaïques et les portes sculptées. Je pense que les photos de Jean-Noël parlent d'elles-mêmes de la beauté du lieu.



Le palais Bahia
Une coquille St Jacques en fresque murale




Palais Bahia : une fresque au plafond
 En tendant un peu l'oreille, j'entends un guide dire que les patios sont d'origine espagnole et que l'idée en a été importée par les marocains qui aimaient le pays. Un peu d'histoire ça ne peut pas faire de mal, et ç'est enrichissant, pas vrai !?!
Autre fresque de plafond


Nous quittons le palais pour rejoindre la place Jemaa-el-Fna en traversant la nouvelle médina. Malgré ma lenteur de tortue, j’avance quand même. Je peste contre les vélomoteurs qui polluent l’atmosphère. Il faut avoir des yeux partout, faire attention à tout et surtout résister aux tentations !!!







Place des Ferblantiers, à Marrakech


Place des Ferblantiers


Place des Ferblantiers






Cette rue de la médina me semble interminable. Je n’en vois pas le bout. Pour reprendre un peu notre souffle, on s’assoit à une terrasse ombragée. On nous dit que la place Jemaa-el-Fna n’est plus très loin. Mais 10 minutes se transforment vite en une demi-heure pour moi...

Enfin ! La voilà ! Alléluia !!!



On aimerait donner des nouvelles aux enfants grâce à la tablette qui nous accompagne. Mais pour ce faire, il nous faut la wi-fi. On choisit un restaurant qui affiche le symbole souhaité. Chic, on commence à écrire, mais pas moyen d’envoyer ce  fichu message ! Damned ! la wi-fi ne marche pas ! Pas de chance...
On remonte l’interminable rue  du Prince pour trouver un taxi et rentrer à Bab Ahmar*. Quand on raconte notre parcours à Abdellatif, il trouve qu’on a vraiment bien marché. C’est un beau compliment et ça me fait vraiment plaisir. Malgré ma fatigue et ma lenteur, j’ai réussi ce qui ressemble à un exploit et je suis fière de mes efforts.

Khadija nous apprend que nous ne verrons pas les filles car elles dorment chez leur grand-mère. On ne pourra pas leur faire un petit bisou avant notre départ. Vous ne les verrez pas non plus sur la photo de famille. Quel dommage ! Nous serons donc quatre pour partager le tajine de keftas préparé par Khadija. 



Elle nous apprend comment les attraper avec un morceau de pain calé entre trois doigts et manger ce qui est devant soi et pas chez le voisin ! J’adore manger dans le plat, ce qui m’était interdit dans l’enfance (et même par notre esprit conventionnel, il faut le dire). Manger dans le plat est un vrai moment de partage.

Le lendemain matin, dernier petit déjeuner pris sur la terrasse. Le temps a passé trop vite. On est sûrement passé à côté de beaucoup de choses, on se dit que ça nous donnera l’occasion de revenir une autre année.



On s’est tellement bien habitués aux uns et aux autres qu’on est un peu nostalgiques de se quitter. Mais ce n’est qu’un au revoir.

Abdellatif nous emmène à la gare routière. Notre autocar part pour Ouarzazate à 12h30 !




mercredi 8 juillet 2015

OUARZAZATE les habitants sont les Ouarzazis

Après plus de 5 heures d’autocar et une petite pause d’une demi -heure seulement, nous arrivons enfin à Ouarzazate. Pendant que j’attends Jean-Noël parti récupérer nos valises, je regarde autour de moi quand une dame s’approche en souriant et me demande : « Pardon, vous êtes de Maroc chez l’habitant ? » 
" - Tu es Rachida ?". Un grand sourire me répond et j’ai droit à deux grosses bises. Elle me présente le mari de sa nièce venu nous saluer. Je trouve ça plutôt gentil. Nous prenons un taxi pour rentrer chez elle où nous faisons connaissance avec Hassan son mari.

Nous entrons dans une maison traditionnelle marocaine avec des canapés immenses dans presque toutes les pièces. Lorsque nous montons jusqu’à notre chambre (laquelle, nous l’apprendrons plus tard, est celle de leur fils parti vivre à Rabat), je suis sans voix devant le superbe salon qui jouxte notre chambre. C’est absolument magnifique, pleins de couleurs, de coussins, de poufs, de petites tables rondes avec des verres, des théières etc...

On s’installe tranquillement et on se rafraîchit un peu avant de descendre rejoindre nos hôtes et prendre le thé. Mais en réalité, Rachida nous a préparé un goûter des plus copieux avec toutes sortes de gâteaux délicieux et un thé à la menthe non moins délicieux. Ma gourmandise est mise à rude épreuve ! Nous sommes vraiment accueillis comme des rois.

En faisant plus ample connaissance, nous apprenons que Rachida est infirmière dans un service hospitalier spécialisé dans les maladies des poumons et Hassan un principal de collège à la retraite. La conversation est joyeuse et animée. Des membres de la famille ainsi que des amis de nos hôtes viennent spécialement pour nous saluer. Je trouve ça vraiment très gentil et je suis très touchée par cet accueil si chaleureux.

Je remarque qu’au Maroc on dîne très tard. Jean-Noël et moi nous adaptons facilement à la situation et cela ne nous crée pas de difficultés majeures. La seule chose qui nous pose problème c’est la quantité de nourriture. Rachida est tellement généreuse qu’elle a préparé un dîner gargantuesque à nos yeux. Nos estomacs d’occidentaux ne sont pas habitués à manger autant. Mais nous ne voulons pas froisser notre hôtesse qui s’est donnée tant de mal. C’est à l’occasion de ce souper que nous faisons connaissance de Fatima-Zara, la fille de nos hôtes. C’est une jeune femme charmante et réservée. Elle se retire très rapidement.

Les échanges avec Hassan sont vraiment intéressants : c’est un homme cultivé qui connaît bien sa région et qui nous en parle avec passion. Il possède l’autorité naturelle de son ancienne fonction mais avec bonhomie et humour et les discussions sont vives, animées, intéressantes et sympathiques. Lorsque je lui dis que je suis conteuse, il me prête tout de suite un livre de contes marocains dont je vais me régaler. Nous commençons à sentir la fatigue du voyage. On aurait bien aimé aider Rachida qui travaille le lendemain, mais elle décline notre offre.

Le lendemain matin, un peu plus frais et dispos que la veille, nous prenons le petit déjeuner avec Rachida et son époux. Ca nous permet d’être un peu avec elle avant son départ. Hassan nous conseille fort judicieusement de louer une voiture si nous voulons visiter les environs. C’était bien dans nos intentions puisque Jean-Noël a prévu que nous partions deux jours pour visiter les Gorges du Dadès et celles du Todra. Hassan connaît un loueur de voitures et grâce à lui, Jean-Noël obtient un tarif intéressant.

On ne peut pas venir à Ouarzazate sans visiter les studios de cinéma où se sont déroulés tant de grands films comme (pour ne citer qu’eux, et dans le désordre) : les 10 Commandements, Ben Hur, Laurence d’Arabie, Kingdom of Heaven, la Momie, Astérix- mission Cléopâtre et tant d’autres.


L'entrée des studios de cinéma et de leur musée


 Notre guide a la passion du cinéma, il nous raconte des petites anecdotes de tournages auxquels il participe lorsqu’il ne fait pas le guide. Quand Jean-Noël lui demande s’il peut photographier les lieux, "Bien sûr, nous dit-il, ça ne pose aucun problème". Puis il rajoute : « C’est la première fois qu’on me demande la permission de faire des photos. D’habitude les gens photographient sans rien demander ». 


Reconstitution de la galère de Ben-Hur
Un  taxi de luxe antique !
























A qui le tour maintenant ?
Bof !  Même pas peur.....














J'ai l'impression que ça l'a touché. C'est vraiment quelqu'un de gentil et de très intéressant. En outre, il sait rendre la visite passionnante.



 Nous restons là une heure et demie, puis il nous propose de nous emmener sur un autre site pour admirer la reproduction de Jérusalem, élaborée pour le film Kingdom of Heaven. Je resterai dans la voiture pendant que Jean-Noël et Hassan visiteront le lieu. Bien m'en a pris : en revenant, Jean-Noël me dit qu'il y avait beaucoup d'escaliers.


                 


Reconstitution de Jérusalem pour  "Kingdom of Heaven"


Une catapulte

Le marché aux esclaves
                                                                                                           
  


Le site dans son ensemble


Hassan se révèle un guide hors du commun. Il se rend disponible toute la journée pour nous emmener dans des lieux que nous n’aurions peut-être pas eu l’idée de visiter. Entre autres, il nous emmène en dehors de la ville pour visiter une kasbah* classée au patrimoine mondial de l’UNESCO : le Ksar d’Aît Ben Haddou*. Nous sommes dans les montagnes du Haut Atlas Occidental. C’est une belle découverte pour nous et on sent bien qu' Hassan est fier de nous faire découvrir l’histoire et le patrimoine de Ouarzazate et de sa région. Merci à toi d’avoir rendu notre visite aussi vivante.




Le ksar Aït Ben Haddou



Nous mangeons un tajine dans un restaurant équipé d'une grande baie vitrée et nous apercevons une colline sur laquelle domine un promontoire offrant une vue panoramique sur les montagnes et les environs. Hassan met au défi Jean-Noël de monter là-haut pour prendre des photos. Bien entendu mon petit mari relève ce défi. Vous pensez bien, en bon randonneur ça ne lui fait pas peur. Et il part d’un bon pas. Hassan et moi restons sagement assis et discutons un peu de tout et de rien. C’est ça aussi faire connaissance !


Vue depuis la terrasse du Ksar Aït Ben Haddou


Je commence à m’inquiéter un peu quand je vois de gros nuages s’amonceler, puis une pluie fine qui démarre. Je souhaite vraiment que Jean-Noël revienne vite. Et lorsqu’il revient, la pluie a cessé de tomber.




Nous reprenons le chemin du retour et Hassan nous fait passer par des villages qui ont gardé leur aspect d’origine avec…… les paraboles en plus. Ca c’est quelque chose qui a bien « fleuri » sur les toits des maisons au Maroc et qui,  à mon sens, défigure un peu le paysage…… Mais il faut bien vivre avec son temps.




A notre retour, Rachida est déjà rentrée de son travail et s’affaire en cuisine. Elle a appelé pour savoir où nous étions et si je n’étais pas trop fatiguée. Je vous ai beaucoup parlé de Hassan, mais il faut que je vous parle aussi de Rachida. C’est une femme au cœur grand comme ça. Elle sourit tout le temps et quand elle éclate de rire, c’est un éclat de joie. J’ai beaucoup de tendresse pour elle et parfois je devine un peu de mélancolie dans son regard. C’est vraiment une belle personne pleine d’amour et de tendresse.




Le lendemain matin, Jean-Noël et moi partons pour deux jours. Nous allons visiter les Gorges du Todra et du Dades. Nous sommes contents de découvrir d’autres paysages et d’autres aspects de Ouarzazate qui se situe vraiment, pour moi,  aux portes du désert.






On s’arrête à Tineghir (prononcer : Tinerhir) pour  faire une pause-déjeuner. Jean-Noël trouve un restaurant de poissons, chic! On se laisse tenter par la « friture royale ». Dans ma tête, friture c’est synonyme d’éperlans. Quand j’ai vu arriver le plat, je n’en croyais pas mes yeux, il y avait là plusieurs sortes de poissons frits, c’était copieux à souhait. Le serveur m’avait bien prévenu. 


TINEGHIR, vue générale


Il y a autour de notre table plusieurs chats maigrichons qui espèrent bien bénéficier d’un peu de notre plat. Ca me fait mal au cœur de ne rien leur donner. Mais si on donne quoi que ce soit, ils prendront l’habitude de revenir et ce n’est peut- être pas un service à rendre au restaurant. D'ailleurs les serveurs chassent les chats, mais ceux-ci sont tenaces et reviennent à la charge !

On reprend la route et à l’entrée des gorges du Todra on paie un petit tribut de 5 dirhams pour la conservation du patrimoine. Et là c’est un enchantement. Il y a des cascades qui s’écoulent de la montagne et qui finissent en rivières. Ce cadre est un petit bijou dans un écrin de verdure. 


Approche des gorges du Todra



On s’arrête pour marcher un peu et découvrir les différents stands, tenus par des berbères, qui attendent les touristes. Je ne suis qu’une faible femme, attirée non par tout ce qui brille (car la plupart des bijoux sont en argent) mais par les écharpes et les couvertures . Justement je tombe en arrêt devant une couverture berbère aux couleurs chatoyantes. Je l’achèterais bien pour Sébastien. Le jeune  marchand qui tient l’échoppe s’approche de moi, il est mignon (et il le sait !). Il me dit : "Elle t’intéresse ?"  Je le vois venir avec ses grosses tongs ! Il m’avance un chiffre, je commence la négociation et, en me rejoignant, Jean-Noël prend le relais… C’est vraiment un jeu et on s’amuse comme des gosses.




Bref on reprend la route. On traverse des villages typiques où les constructions sont en pisé. Il y a des enfants qui courent après la voiture en nous réclamant un dirham. Ca me fait mal au cœur mais on ne s’arrête pas. On ne pourrait pas donner à tout le monde... On traverse des contrées quasi-désertiques sans croiser âme qui vive. 


Gorges du Todra



Gorges du Todra



 Puis tout d’un coup, là sur le chemin, il y a un homme juché sur son âne, lui donnant des coups de trique…. Et alors, me direz-vous, c’est d’un banal… Et bien figurez-vous que cet homme, perdu au milieu de nulle part, juché sur son âne, était en pleine conversation sur son téléphone portable…. Non ! ça alors, même ici l’invasion moderne a envahi les contrées les plus reculées !

Mais ce n’est pas tout :  je sens que Jean-Noël a, pour ainsi dire, « loupé » un carrefour. Je me dis : ça y est on est perdu. On a raté l’embranchement qui devait nous mener aux gorges du Dadès ! On stationne à un carrefour et Jean-Noël arrête une voiture. Un monsieur, très gentiment et  patiemment, montre sur la carte routière que nous nous sommes bien éloignés de la route que nous devions prendre. Nous sommes allés 70 km trop loin ! Jean-Noël est vexé et malheureux. Ayant prévu une bien jolie surprise, il avait réservé dans un riad* répondant au nom de « Vieilles Charrues ». Eh oui, ça ne s’invente pas. Ce riad est ainsi appelé car le patron - qui est percussionniste - participe chaque année au festival des Vieilles Charrues en Bretagne !

En continuant, on arrive dans une petite ville appelé Imilchil. On est fatigués, énervés, on cherche un endroit où dormir. On aperçoit l’enseigne d’une maison d’hôtes, l’endroit est un peu glauque, mais on ne va pas faire les difficiles. Il y a une chambre, il fait froid (on est en pleine montagne quand même !) et puis on a droit à un repas chaud, un bon tajine ! Jean-Noël discute avec le patron, celui-ci lui indique la route sur une carte. Jean-Noël lui dit : "Attention c’est une voiture de tourisme qui n’est pas faite pour rouler sur les pistes, ce n'est pas un 4x4". Le patron affirme qu’il n’y a aucun problème…..

En nous couchant, on entend le vent qui souffle, qui siffle dans les fenêtres et qui essaie de pénétrer dans la chambre. Je ne ferme pas l’œil de la nuit, persuadée que ce sont les djins* ou les jnouns* qui veulent entrer. Je secoue Jean-Noël et je lui dis « je ne veux pas devenir l’esclave du chef des djins* ou jnouns* ». A ce moment-là on entend un grand fracas sur la terrasse mais ce n’est qu’une table et des chaises que le vent a fait tomber ! je sursaute comme une gamine, à 65 ans quand même, il faut le faire !

Après cette nuit agitée et un bon petit déjeuner, on reprend notre route. Arrivés à l’embranchement indiqué par notre hôte de la veille, on voit deux directions pour Dadès, laquelle prendre ? On avise deux personnes qui nous disent : "Par là !" Et là, mes amis, notre calvaire a commencé… Ce qu’on voulait éviter à tout prix, eh bien, Jean-Noël et moi l’avons fait ! On s’est engagé sur... une piste !!! 
Je n’ai jamais vu Jean-Noël conduire avec une telle concentration et moi qui, d’habitude, m’endors en voiture, là j’ai gardé les yeux ouverts. Avec une « dextérité » que je ne lui connaissais pas, Jean-Noël évite les crevasses, prend avec douceur les flaques profondes que la pluie nocturne a laissées….. A part quelques moutons et quelques ânes, on ne rencontre pas âme qui vive.


Curiosité de la nature

Le trajet est long, très long, interminable, on n’en voit pas le bout….. On essaie de garder notre calme, mais on peste quand même après le patron de la maison d’hôte et les deux villageois. Je me demande « secrètement » si on va s’en sortir. Il nous faudra plus de 3h30 pour nous sortir de cet enfer du désert !!! Et quand enfin on aperçoit en contrebas de la montagne un village, on sauterait presque de joie dans la voiture… Sans exagérer, Jean-Noël, tu es presque prêt pour le Paris-Dakar...

Enfin on retrouve la civilisation avec ses villages aux toits « parabolisés », des enfants qui courent pieds nus…. On la retrouve enfin cette « vraie » route du Dadès. Tu nous en auras fait voir, toi tu sais ?

On s’arrête dans un petit restaurant, histoire surtout de nous remettre de nos émotions, avant de reprendre le chemin du retour.

Nous appelons quand-même nos hôtes pour les rassurer. A notre arrivée, Rachida est soulagée de nous voir. Ils étaient tous inquiets de ne pas nous voir revenir…. Inquiets ? Mais non voyons, il ne fallait pas... hem !!! hem !!! On passe une soirée formidable, on raconte notre périple, mais en omettant (pardon à vous deux, Hassan et Rachida) de mentionner notre mésaventure...




Le lendemain, je décide de rester tranquille et de me reposer. Hassan emmène Jean-Noël dans la kasbah de son enfance où un membre de sa famille sert de guide à Jean-Noël. Il paraît que cette personne a une belle connaissance du lieu et de son histoire. Ensuite Jean-Noël aura la chance de visiter le musée du cinéma et d’y avoir, là aussi, un guide pour lui tout seul. Hassan connaît beaucoup de monde. Quand j'évoque ce fait, Rachida éclate de son rire le plus gai et répond : "Nous sommes de la même famille avec presque tout Ouarzazate !".

Pour notre dernier soir, nous allons tous dîner au restaurant « chez Dimitri ». Ce soir Rachida se joindra à nous. Pour une fois elle ne sera pas derrière ses fourneaux. Fatima-Zara, leur fille, sera aussi des nôtres et nous passons une soirée chaleureuse et pleine d’amitié.



Le lendemain c’est le départ pour Agadir… Hassan et Rachida ont la gentillesse de nous accompagner à la gare routière. Pendant que les hommes partent de leur côté, Rachida et moi nous nous asseyons à part. Je lis un peu de tristesse dans les yeux de Rachida. Et nous parlons un peu de nos vies. C’est vraiment une femme formidable. Rachida, ton sourire et ton rire resteront gravés en moi. Je ne t’oublierai jamais. Rachida et Hassan attendront à nos côtés jusqu'au départ de l’autocar pour Agadir.