Ca
y est, le grand jour est arrivé. Dans le taxi qui nous amène à Orly-sud, je regarde la banlieue et j’essaie d’imaginer un peu les
paysages que nous allons découvrir.
Après
4 heures de vol et quelques petites turbulences (ce ne serait pas
drôle sinon !) nous atterrissons à l'aéroport de Marrakech-Menara, ainsi
nommé car il se trouve près du Jardin du même nom. Après un
certain temps, nous rencontrons enfin Abdellatif notre hôte. Il est d’un abord souriant, très
sympathique. Ca s’annonce bien. Pendant le trajet, il nous présente
sa ville qu’il connaît, en véritable marrakchi*.
Nous
arrivons dans son quartier Bab
Ahmar*
qui est en pleine reconstruction. Sa maison est située dans une
petite ruelle et quand nous entrons, nous sommes accueillis par
Khadija l’épouse d’Abdellatif et leurs deux adorables petites
filles Yasmina et Zineb.
Khadija
est une jeune femme à l’apparence très douce et son sourire
illumine son visage. Elle nous offre en signe de bienvenue un
délicieux thé à la menthe.
Abdellatif
s’excuse : il doit partir disputer un match de foot (c’est
un ancien pro !!!). Il reviendra " plus tard ".
Première leçon pour les occidentaux que nous sommes : pour
notre première soirée s’adapter au horaires tardifs, nous qui
dînons le plus souvent à 19 heures !
La
soirée est très agréable. Nous faisons connaissance autour de
plats délicieux cuisinés par Khadija. Mais la fatigue du voyage
ainsi que tout ce qui l’a précédé (préparatifs, excitation….)
se font ressentir.
Au
petit matin, nous sommes réveillés par l’appel à la prière du
Muezzin*
et par les cris d’un marchand ambulant qui, nous l’apprendrons
plus tard, vend son….. poisson.
Abdellatif
et Khadija nous demandent ce que nous voulons faire pour notre
première journée. Nous nous rendrons au souk ! Ils nous
déconseillent d’acheter nos cadeaux dès à présent. Il vaut
mieux attendre le dernier jour. Voilà qui est sage et judicieux.
Abdellatif
nous conduit jusqu’à l’entrée du souk. Et là, les
sollicitations commencent. C’est le jeu. On nous voit arriver avec
nos gros sabots de touristes ! On se promène dans les
dédales, que dis-je, dans un labyrinthe sans fin ! Très gentiment
et… sans arrière-pensée, les commerçants me proposent une
chaise et entament la conversation. C’est très chaleureux.
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Au souk de Marrakech |
Au
fil de la visite, ce qui me « choque » le plus, ce ne sont
pas les sollicitations des commerçants, ce sont les gaz de pots
d’échappement des vélomoteurs qui circulent dans le souk et qui
en polluent l’atmosphère. Je peux encore accepter les vélos, les
charrettes tirées par les ânes mais pas les odeurs de pot
d’échappement.
Au
bout de presque 2 heures de déambulation, j’ai hâte de sortir de
là et de me retrouver à l’air libre. J’ai comme une impression
de claustrophobie.
Lorsqu’on
sort du souk, on se retrouve sur la place des épices car nous
sortons précisément du « quartier des épices ». Pour moi qui ai de
l’odorat c’est une véritable « torture » de ne rien
acheter. C’est une fête non seulement pour les yeux mais aussi
pour le « nez ». Non ! Je résisterai à l’appel
de ma « fièvre acheteuse » !!!
Donc
sur cette place des épices, il y a toutes sortes de marchands. Ce
que je cherche, c’est un chapeau tout bête, tout basique pour me
protéger des rayons du soleil. Premier entraînement au marchandage,
c’est Jean-Noël qui s’y colle. En tant qu’ancien commercial,
il sait quand même y faire. La dame aux chapeaux essaie de nous en
vendre un à 60 dirhams, non, trop cher ! Après d’âpres
discussions, on l’obtient pour….. 15 dirhams.
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Place Jemaa-el-Fna à Marrakech |
On
se promène sur la place Jemaa-el-Fna. Ca grouille de monde, c’est
vivant, joyeux et animé. On a comme une impression de fête
perpétuelle. Ca nous plait bien. Mais l’appel de notre estomac
d’occidentaux se rappelle à notre bon souvenir.
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Place Jemaa-el-Fna : déjeuner au 3ème étage pour la vue panoramique |
Donc
nous voilà à la recherche d’un restaurant sans prétention (ce
n’est pas ce qui manque sur cette place). On en repère un qui nous
paraît bien sympathique avec une belle terrasse qui domine la ville.
Pour mériter la vue, il faut monter 3 étages. Oupsss… C’est
mon premier exercice ! Arrivée, je suis récompensée de mon
effort. Tout d’abord je m’assois avec un soupir d’aise. Dieu
que c’est bon. De cette terrasse on domine la place et c’est ma
foi un très beau spectacle.
On
passe commande, non pas du menu bon marché qui nous tentait
(lequel, paraît-il, n’est servi que le soir), mais d’autre chose.
On a comme l’impression de s’être fait avoir lorsque, plus tard, je m’aperçois qu’aux tables voisines est servi le menu que l'on souhaitait en arrivant.
Jean-Noël
part se promener un peu pendant que je commence à rédiger « nos
mémoires » ! Il revient un peu plus tard et me propose
une balade en calèche de 2 heures (il en a négocié le prix, vous vous en doutez bien !). Ca ne se refuse pas…. Outre le
fait de ne pas avoir à marcher, c’est romantique à souhait.
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Promenade en calèche |
Le
cocher nous emmène partout et je découvre des aspects de Marrakech
très différents, le traditionnel qui côtoie le moderne. J’aime
la couleur rose sable des bâtiments. C’est une ville étonnante
pleine de vie et de charme. Mais que vois-je ? Une enseigne
venue d’ailleurs avec un grand M jaune ! Non, ils sont même
là, les bougres de fast-food !!! Mis à part cette rencontre
fortuite, je suis heureuse de découvrir Marrakech. C’est vrai que
c’est une ville magnifique aux multiples aspects. C’est ce qui
fait son charme et j’aimerais en voir plus.
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Une aile du palais royal de Marrakech |
Au
bout des deux heures de balade, le cocher nous dépose à l’entrée
de Bab Ahmar. Abdellatif et Khadija nous ont prêté une clé de leur
maison, Jean-Noël me laisse me reposer et part à la découverte des
environs. Il est 16h environ et on était en route depuis 10 heures
du matin, ce qui ressemble à un exploit pour moi.
Dans
sa pérégrination, Jean-Noël passe devant le palais royal qu’il
aimerait bien prendre en photo. Les gardes en faction lui font
comprendre que c’est interdit….. Une tortue toute mignonne sortie
d’on ne sait où passait par là, comme elle n’avait pas d’avis
sur la question, elle a pris sa plus belle pose et la voilà figée en image pour la postérité. Puis sciemment, Monsieur va se promener
dans l’ancienne médina, réputée pour être un véritable labyrinthe, et faire exprès de s'y perdre. Vous le
croyez, vous ? Heureusement vers la fin il s’en sort grâce à
un jeune étudiant à qui, évidemment, il donnera la « pièce »… C'est la règle du jeu !
La
soirée autour du couscous de Khadija est un moment de pur bonheur.
Ce couple et ses deux bouts de chou nous considèrent comme des amis
de longue date. On parle de tout, de nos vies dans nos pays
respectifs. On se sent vraiment à l’aise, comme chez nous tout en
respectant leur mode de vie et leurs traditions. Ce sont des moments
que je n’oublierai pas et qui resteront gravés à jamais dans
ma mémoire.
Le
lendemain une visite au jardin Majorelle s’impose. On nous en a
tellement parlé que cela aurait été sacrilège de ne pas aller à
sa découverte.
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L'entrée du jardin Majorelle |
Quand j'entre dans ce jardin, la magie opère instantanément.
C'est un véritable havre de paix, un petit paradis sur terre.
Comment vous décrire ces cactus énormes, ces plans d'eau aux nénuphars multicolores et ces bambous géants ?
Voyez les photos ou,
mieux, allez-y ! C’est un lieu propice à la méditation,
au rêve et je m’en donne à cœur joie pendant que Jean-Noël
prend des photos.
Merci à Sylvie et à Monique qui nous ont parlé de ce petit Eden.
On aimerait bien y passer plus de temps, mais trop de touristes
arrivent. Toutefois, avant de partir, on fait une petite incursion au musée
d’art berbère.
On peut y admirer des habits de cérémonie
richement brodés, des bijoux de toute beauté, à vous couper le souffle.
Abdellatif
nous récupère à l’heure convenue le matin pour déjeuner
ensemble à la maison. Une petite sieste s’impose, car nous sortons
le soir admirer la place Jemaa-el-Fna by night !
C’est
absolument différent la nuit. Il y a toutes ces lumières qui
éclairent les petits stands de restauration, de vente de jus de
fruits frais, entre autres. Les enseignes de restaurant ne sont pas en reste non
plus. C’est une autre vie. Une vie qui bouge, qui rit, qui
sollicite, qui invite. C’est joyeux, très animé et une espèce
de joie me monte au cœur.
Abdellatif
nous sert de guide. Il est vrai que c’est un vrai marrakchi*
Il connaît l’endroit comme sa poche, il aime sa ville et ça se
sent. Je regrette juste que Khadija ne soit pas avec nous. Mais avec
les deux petites ce n’est pas facile.
Le
lendemain, Abdellatif nous propose une excursion dans la vallée de
l’Ourika (7 cascades) à environ 60 ou 70 km de Marrakech. On
traverse le Haut-Atlas, c’est majestueux, vertigineux, et
fascinant. Il n’y a qu’une chose que je n’aime pas : les
lacets dans les montagnes ! "Ca blurpe", comme dirait
Sébastien notre fils...
A
l’arrivée, changement de décor. C’est un village berbère qui
vit uniquement du tourisme. Le dépaysement est total et il y règne
une fraîcheur bienfaisante. Heureusement que c’est Abdellatif qui
conduit. Il sait comment négocier les virages étroits, il sait dire
non aux sollicitations des jeunes qui proposent de garder la voiture
ou de prendre place dans leur restaurant.
Enfin
on se gare. Jean-Noël et Abdellatif vont marcher jusqu’à la
première cascade (il y en a 7 en tout). Mais avant, ils m’installent
dans un établissement avec une jolie terrasse. J’ai une vue
imprenable sur la montagne, le ciel et en contrebas un joli ruisseau.
J’ai une vue aussi sur le village et ses habitants. Je vis intensément tout ce que je vois, et toutes ces images nourrissent mon imaginaire.
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Dans la vallée de l'Ourika |
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L'Ourika |
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Abdellatif |
Au
bout d’une heure et demie, Jean-Noël et Abdellatif reviennent. On
partage un délicieux tajine et Abdellatif me fait la surprise
d’acheter mes premières cerises ! Bien sûr il en reste
suffisamment pour en ramener à sa petite famille. Ce fut une très
belle journée sur tous les plans. Merci à toi Abdellatif pour ta
disponibilité et merci à Khadija d’avoir bien voulu que tu nous
accompagnes.
Samedi matin, veille de notre départ pour Ouarzazate, nous visitons le palais Bahia. C'est un lieu plein d'histoire que racontent les fresques, les mosaïques et les portes sculptées. Je pense que les photos de Jean-Noël parlent d'elles-mêmes de la beauté du lieu.
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Le palais Bahia |
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Une coquille St Jacques en fresque murale |
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Palais Bahia : une fresque au plafond |
En tendant un peu l'oreille, j'entends un guide dire que les patios sont d'origine espagnole et que l'idée en a été importée par les marocains qui aimaient le pays. Un peu d'histoire ça ne peut pas faire de mal, et ç'est enrichissant, pas vrai !?!
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Autre fresque de plafond |
Nous
quittons le palais pour rejoindre la place Jemaa-el-Fna en traversant
la nouvelle médina. Malgré ma lenteur de tortue, j’avance quand
même. Je peste contre les vélomoteurs qui polluent l’atmosphère.
Il faut avoir des yeux partout, faire attention à tout et surtout
résister aux tentations !!!
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Place des Ferblantiers, à Marrakech |
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Place des Ferblantiers
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Place des Ferblantiers
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Cette
rue de la médina me semble interminable. Je n’en vois pas le bout.
Pour reprendre un peu notre souffle, on s’assoit à une terrasse
ombragée. On nous dit que la place Jemaa-el-Fna n’est plus très
loin. Mais 10 minutes se transforment vite en une demi-heure pour moi...
Enfin ! La voilà ! Alléluia !!!
On
aimerait donner des nouvelles aux enfants grâce à la tablette qui
nous accompagne. Mais pour ce faire, il nous faut la wi-fi. On choisit
un restaurant qui affiche le symbole souhaité. Chic, on commence à
écrire, mais pas moyen d’envoyer ce fichu message ! Damned ! la
wi-fi ne marche pas ! Pas de chance...
On
remonte l’interminable rue du Prince pour trouver un taxi et rentrer à
Bab
Ahmar*. Quand on raconte notre parcours à Abdellatif, il trouve qu’on a
vraiment bien marché. C’est un beau compliment et ça me fait
vraiment plaisir. Malgré ma fatigue et ma lenteur, j’ai réussi ce
qui ressemble à un exploit et je suis fière de mes efforts.
Khadija
nous apprend que nous ne verrons pas les filles car elles dorment
chez leur grand-mère. On ne pourra pas leur faire un petit bisou
avant notre départ. Vous ne les verrez pas non plus sur la photo de
famille. Quel dommage ! Nous serons donc quatre pour partager
le tajine de keftas préparé par Khadija.
Elle nous apprend comment
les attraper avec un morceau de pain calé entre trois doigts et
manger ce qui est devant soi et pas chez le voisin ! J’adore
manger dans le plat, ce qui m’était interdit dans l’enfance (et
même par notre esprit conventionnel, il faut le dire). Manger dans le
plat est un vrai moment de partage.
Le
lendemain matin, dernier petit déjeuner pris sur la terrasse. Le
temps a passé trop vite. On est sûrement passé à côté de
beaucoup de choses, on se dit que ça nous donnera l’occasion de
revenir une autre année.
On
s’est tellement bien habitués aux uns et aux autres qu’on est un
peu nostalgiques de se quitter. Mais ce n’est qu’un au revoir.
Abdellatif
nous emmène à la gare routière. Notre autocar part pour Ouarzazate à 12h30 !